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drapeau kabyle

ⴰⵏⵙⵓⴼⵉⵙⵙⵓⵏⴳⵡⴰⴳⴳⵓⵔⵏ ⵉⵎⴰⵣⵉⵖⵏ



Population, économie et société

Démographie

Population des principales villes de Kabylie
Municipalité Population (2008)
Bejaïa 177 988
Tizi Ouzou 135 088
Bouira 75 000

Les sept wilayas où s'inscrit le périmètre Thenia - Sétif - Jijel totalisent une population d'environ six millions de personnes dont, suivant les estimations, de trois à trois millions et demi de kabylophones . Selon le recensement de 2008, la wilaya de Tizi Ouzou compte plus d'1,1 million d'habitants, répartis en 67 communes , alors que les 52 communes de la wilaya de Béjaïa rassemblent près d'un million d'habitants . Le reste des populations kabylophones de la région se répartit sur la moitié est de la wilaya de Boumerdès, la moitié nord de la wilaya de Bouira, le nord de la wilaya de Bordj Bou Arreridj, l'ouest de la wilaya de Jijel, et le nord-ouest de la wilaya de Sétif.

La densité démographique reste élevée, atteignant jusqu'à 375 hab./km2 dans la wilaya de Tizi Ouzou. Toutefois l'accroissement de la population est relativement faible par rapport à l'ensemble du pays, son taux n'étant que de 0,2 % dans la wilaya de Tizi Ouzou et de 0,6 % dans celle de Béjaïa

Peuplement

Article détaillé : Kabyles.

Les Kabyles contemporains font partie du vaste ensemble des héritiers des premiers Berbères, dont les origines ont donné lieu à une multitude d'hypothèses. Les spécialistes restent partagés entre tenants d'un foyer initial moyen-oriental ou africain ; les estimations de l'époque d'apparition du berbère en Afrique du Nord varient de 8 000 à 2 500 ans avant notre ère . Les données archéologiques et linguistiques disponibles ne permettent pas de trancher mais elles établissent suffisamment l'ancienneté et la continuité de la présence des Berbères dans leur espace actuel pour qu'on puisse les qualifier d'autochtones.

La question de l'origine des hautes densités montagnardes kabyles divise encore les historiens. Aux extrêmes s'opposent la thèse d'un peuplement dense très ancien, antérieur à la présence romaine, et celle d'un afflux tardif, consécutif à l'arrivée des Arabes . Toutefois, un relatif consensus se dégage sur plusieurs points. Pour commencer, une distinction semble s'imposer, pour l'ensemble de l' Afrique du Nord, entre un premier peuplement berbère, « paléo-montagnard », caractérisé par la pratique des cultures en terrasses, s'étendant progressivement depuis les Aurès et l'Atlas saharien jusqu'aux Hautes Plaines ; et un second, « né o-montagnard », ignorant la technique des terrasses et propre aux massifs du Tell : c'est à cette seconde vague, plus tardive, que l'on rattache les premières populations de Kabylie .

La présence de populations dans l'ensemble de la région, dès l'époque romaine au moins, paraît également attestée, le seul point encore en débat portant sur le peuplement du territoire relativement restreint, mais aussi le plus densément peuplé, que constitue le massif Agawa. Enfin, il est généralement admis que ce peuplement initial s'est trouvé accru, à partir du Xe siècle, de l'apport de populations d'agriculteurs menacés par le processus de pastoralisation des plaines puis, à partir du XIVe siècle surtout, par les prélèvements fiscaux du makhzen . Les traditions locales paraissent corroborer l'hypothèse d'une dualité historique du peuplement kabyle.

économie

Jusque vers 1900, la base de l'économie régionale reste une arboriculture de montagne dont l' olivier et le figuier constituent les deux piliers . Les productions céréalières sont l'apanage des quelques propriétaires de terres de fond de vallées mais, après la révolte de 1871, celles-ci sont confisquées au profit des colons. Quant à l'élevage, principalement caprin, quelquefois ovin ou bovin, il est limité par l'exiguïté des sols disponibles pour les pâturages .

Avant la conquête française, l'une des principales sources de revenus extra-agricoles est constituée par l'artisanat et en particulier la fabrication des armes, le travail du bois et le tissage. La perte de l'indépendance entraîne la fermeture des fabriques d'armes et la confiscation des forêts. Le tissage se maintient jusqu'à nos jours grâce à la demande persistante de burnous et de couvertures de laine mais a largement perdu de son importance économique. Beaucoup d'activités artisanales ont disparu et celles qui subsistent, comme la bijouterie, apparaissent très menacées .

L' émigration est l'autre grande source de revenus complémentaires de la Kabylie précoloniale. Elle s'étend alors à toute l'Algérie et à une partie de la Tunisie, tout en conservant très généralement un caractère temporaire. à la suite de la colonisation, qui en élargit le champ à la métropole française, elle devient un phénomène massif. En 1948, pour une famille kabyle moyenne qui tire de ses terres un revenu annuel de 50 000  francsnote 18, l'émigré, qui rapporte en moyenne 100 000 francs par an, représente un complément de revenu souvent indispensable.

Les équipements de base des villages comme les routes secondaires, les écoles, les bibliothèques, la rénovation des puits, l'entretien des moyens d'irrigation et les mosquées ont souvent été financés avec les revenus de l'émigration. Dans les pays d'accueil, les immigrés reconstituaient les assemblées de village (tajmaat) pour décider des projets pouvant bénéficier à la population. Cette dynamique explique que les villages kabyles aient su résister dans une certaine mesure à l'émigration massive de leurs habitants. L'aide de la diaspora constitue toujours un facteur de dynamisme. En même temps, les fonds ainsi apportés, collectés et gérés par les assemblées villageoises accentuent l'autonomie des villages kabyles.

Après l'indépendance, la région connait divers plans de développement économique. Dans un premier temps (1967- 1973) l’état procède à la création de petites entreprises publiques axées sur l'artisanat traditionnel, pour favoriser la création d'emplois dans les zones rurales et les dynamiser. De manière complémentaire, il développe jusqu'en 1980 des complexes industriels spécialisés, comme ceux des sociétés ENIEM (électroménager) à Tizi Ouzou ou ENPC (plasturgie) à Sétif. Le secteur privé, qui est alors délaissé par les politiques publiques, correspond le plus souvent à de petites unités de production, dans l'agroalimentaire ou les produits de construction, destinées au marché local ou régional.

Le barrage de Taksebt, d’une capacité de 180 millions m³ (dans la commune d'Ouacif), qui alimente l'Algérois en eau potable.

Dans les décennies suivantes, en raison de divers facteurs (dévaluation de la monnaie, fragilité des structures financières, prix administrés, etc.), les conditions d'activité de beaucoup d'entreprises publiques locales se dé gradent, y compris dans le secteur de l'artisanat traditionnel. De la même faç on, les grandes entreprises publiques, dépendantes des mesures de soutien de la demande, souffrent de la contraction de celle-ci à la suite de la dévaluation du dinar et de l'augmentation des charges d'exploitation. Ainsi, une entreprise comme ENIEM voit sa production chuter dans les années 1990. Les années 2000 voient émerger un secteur privé dynamique. La création d'entreprises augmente, l'activité se diversifie vers des domaines technologiquement complexes et, fait nouveau, de grandes entreprises privées de dimension internationale se constituent.

Sur le plan sectoriel, l'agroalimentaire connait dans la région un certain développement, avec la constitution d'une multitude d'unités de production de produits laitiers et de glaces, mais aussi l'implantation d'usines de grands groupes comme Cevital ou la société d'eaux minérales Ifri. Traditionnellement prédominante, l'agriculture de montagne perd de la place au profit de l'industrie manufacturière locale, plutôt située vers les Hauts Plateaux, et de l'industrie agro-alimentaire. Par ailleurs, la Kabylie fournit une grande partie de l'eau potable aux régions fortement urbanisées qui la bordent à l'est et à l'ouest.

Le tourisme est une autre activité pour laquelle la région, qui au XIXe siècle était qualifiée de « Suisse sauvage » , bénéficie d'atouts. Dans la wilaya de Béjaïa, le groupe Cevital obtient en 2008 une assiette foncière de 26  hectares à l'intérieur de la zone d’expansion touristique (ZET) d’Agrioun, à Souk El Ténine (une station balnéaire située à une trentaine de kilomètres à l’est du chef-lieu de wilaya), pour l’implantation d’un complexe touristique moderne.

Pourtant les limites du développement régional se traduisent par un chômage endémique important, qui frappe en particulier la jeunesse. En 2006, le nombre de chômeurs s'élève officiellement à 25,6 % de la population active dans la wilaya de Tizi Ouzou.

Organisation sociale traditionnelle

Confédérations et tribus de Grande Kabylie (carte de 1940).
Article détaillé : Tribus de la Kabylie.

L' organisation sociale kabyle a connu des évolutions au cours de son histoire, tout en préservant certains de ses traits. La société pré -coloniale reposait sur un ordre lignager et sur l'imbrication les unes dans les autres de plusieurs structures sociales : les lignages constituent des clans ( axerrub, adrum), qui forment des villages (taddart) eux-mêmes regroupés en tribus (âarch) ; les tribus peuvent à leur tour être associées dans des ensembles plus vastes, les taqbilt ou confédérations.

Cette organisation hiérarchisée comporte des exceptions : ainsi certains villages ne font partie d'aucune tribu. La confédération est une structure souple, les notables des tribus confédérées se réunissant pour gérer les événements exceptionnels, comme les conflits armés. Du XVIe siècle jusqu'à la conquête française existent en outre deux grandes ligues (seff ) qui sont des agglomérats de confédérations tribales, seff n wadda (la « ligue du bas ») et seff n ufella (la « ligue du haut ») .

Le rôle politique des confédérations prend fin avec la colonisation et le maillage administratif de la région. Les quelques confédérations qui subsistent, comme celle des Aït Iraten, n'ont plus de rôle d'identification sociale .

Le XIXe siècle connaît aussi l’existence de « grands commandements » qui dépassent les limites tribales, exercés par une aristocratie guerrière comme celle des Aït Mokrane (dont le patronyme est souvent arabisé en « Mokrani »), ou religieuse comme celle des Ben Ali Chérif. Les premiers, qui détiennent un rôle politique de premier plan, le voient totalement anéanti après la révolte de 1871. L'influence religieuse des seconds, quant à elle, perdure mais se trouve amoindrie par la présence française.

Les unités sociales les plus restreintes survivent mieux aux bouleversements historiques. Ainsi, au XIXe  siècle, le village kabyle apparaît comme la « pierre angulaire de la société ». L'institution qui l'administre, la tajmaât (assemblée villageoise) dispose à la fois des pouvoirs politique, administratif et judiciaire. La tribu aussi présente des éléments de cohésion sociale forts (territoire, sanctuaires, marché, solidarité en cas de guerre, etc.). Dans un premier temps, les autorités coloniales garantissent le respect du fonctionnement du village, de son assemblée et de la tribu. Cependant, au fur et à mesure des remaniements administratifs, la tajmaât perd de ses prérogatives officielles, tout en continuant parfois de les exercer officieusement.

La fin de la période coloniale voit se superposer un niveau d'organisation officiel, la commune administrative, et un niveau « occulte », la tajmaât, avec ses qanun, ses ressources propres, ses amendes et ses agents d'exécution. L'assemblée villageoise gère avec grande liberté les affaires locales, exerce les pouvoirs de police et jouit auprès de la population de plus d'autorité que les agents assermentés par l'administration française. Les qanun font même l'objet d'un renouvellement, signe d'une activité réelle de l'institution .

Après l'indépendance du pays, toujours en marge des structures officielles que sont les assemblées populaires communales, les tajmaât se maintiennent, avec des prérogatives érodées. Elle mettent à contribution tous les citoyens, émigrés compris. Mais ne gérant plus que les travaux d'utilité publique (voirie, eau potable…), souvent pour pallier les insuffisances des institutions officielles, ou bien des manifestations culturelles comme le sacrifice d'automne (timechret), elles souffrent alors d'un certain anonymat.

Le réveil identitaire berbère va leur donner un nouveau souffle et inverser la tendance historique. Le Printemps berbère de 1980 s'accompagne d'un réinvestissement de l'espace du village, par les jeunes notamment, qui évite sa transformation en « musée ». La loi sur le pluralisme (1988) permet la création de « comités de village » à statut associatif et d'associations diverses, véritable version moderne de la tajmaât. Les villages kabyles possèdent tous au moins une des trois structures : tajmaât, comité de village ou association, la première se maintenant dans certains villages à côté des comités et associations, comme une sorte de « conseil des sages » ( lâaqel n taddart).

Au cours des années 1980 et 1990, le renouveau identitaire va parfois jusqu'à la restauration des tribus et de leurs conseils. C'est le cas des Aït Djennad (1987), Aït Bouaddou (1990), Illoulen Ousammer (1995), qui réglementent les cérémonies et les dépenses effectuées lors des célébrations (mariages, circoncisions et retours de pèlerinage), avec des sanctions prévues.

Lors du Printemps noir de 2001, les tajmaât et les comités de village servent d'ossature à la revendication identitaire et de cadre politique à la mobilisation, se substituant aux partis politiques. C'est dans leur cadre que s'organisent les marches, la réquisition des moyens de transport et la solidarité avec les victimes de la répression.

En 2001, le mouvement désigné comme le Mouvement citoyen des Aarchs marque aussi le retour dans la société de la tribu. Ce renouveau des formes d'organisation traditionnelles dans la société kabyle est lié à la « sacralité » de l'espace villageois. Comme la langue, la société traditionnelle kabyle cherche à négocier son rapport au changement pour assurer sa pérennité .

Situation et évolutions linguistiques

Schéma d'ensemble des aires linguistiques du nord-est algérien, du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe siècle note 19.
L'article « kabyle  » présente en détail la langue kabyle.

Les Kabyles font partie des Berbères (Imazighen). Leur langue, le kabyle (taqbaylit), parlée par la grande majorité de la population, est une variété du berbère (tamazight).

Signalisation trilingue à la faculté de Tizi-Ouzou (photographie de 2007).

En Grande Kabylie et dans la partie de la Petite Kabylie où le kabyle prévaut, il est la langue maternelle et quotidienne de la presque totalité de la population. Là où populations kabylophones et arabophones sont en contact, un bilinguisme kabyle-arabe algérien est pratiqué de part et d'autre. à Béjaïa et à Tizi Ouzou, où la population urbaine traditionnelle était majoritairement arabophone, l'exode rural qui a suivi l'indépendance a généralisé la diffusion du kabyle. Quant à l'arabe littéral, son emploi est cantonné au système d'enseignement et aux administrations de l'état central. En pratique, c'est plutôt le français qui est employé pour les usages écrits ou savants et, de façon presque exclusive, dans le commerce et la publicité.

Si le territoire de Grande Kabylie compte peu d'habitants de langue maternelle arabe, Basse et Petite Kabylies ont été davantage arabisées. En Basse Kabylie, l'arabisation remonte à la période ottomane. à cette époque, des terrains de la région ont été concédés à quelques familles d'origine turque ou arabe ainsi qu'à la tribu des Iamriwen, constituée d'aventuriers et de proscrits des autres tribus kabyles. En même temps que la garde et l'usage des terres de plaines, ils recevaient de leurs commanditaires un cheval avec la charge de tenir en respect les populations avoisinantes. Leur contrôle s'est étendu jusqu'en Haute Kabylie, sur toute la moyenne vallée du Sebaou ; là, comme dans les basses plaines, le Makhzen s'est montré un puissant facteur d'arabisation. Toutefois, on a assisté depuis à une rekabylisation partielle de ces territoires.

En Petite Kabylie, le kabyle était encore majoritairement parlé au XIXe siècle jusqu'au-delà de l'oued El Kebir. Si Jijel et ses environs étaient déjà arabisés, vers l'intérieur il n'y avait pas encore de rupture territoriale entre les parlers kabyle et chaoui. Aujourd'hui le Guergour est à moitié arabophone et le Ferdjioua, en totalité. à l'est, l'expression de Kabyles el hadra a été créée au XVIIIe siècle pour désigner les montagnards arabophones du Nord-Constantinois ayant acquis la culture urbaine et abandonné la vie de montagne.

 

 

à côté des musulmans existent des minorités chrétiennes , catholiques ou protestantes de diverses confessions : anglicans, baptistes et plus récemment évangéliques . Les juifs, qui ont presque tous quitté le pays à l'issue de la guerre d'Algérie, avaient auparavant une présence significative dans les régions de Sétif et de Béjaïa. Dans cette dernière ville, le quartier de Karamane en abritait une importante communauté : on y trouve encore le bâtiment de l'ancienne synagogue .

Venant après les traductions de la Société biblique britannique, une édition d'émanation catholique des quatre évangiles en kabyle a été publiée de 1987 à 1991. Des travaux entrepris pour la traduction du Coran et la rédaction d'un lexique religieux en kabyle ont abouti à une parution en 1998.

Sport

Deux joueurs de football en plein match, un de la JSK l'autre de la JSMB
Match JSK- JSMB du 27 février 2010.

Parmi les équipes de football de la région, la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK) se distingue nettement par la richesse de son palmarès. C'est aujourd'hui la première équipe d' Algérie par le nombre de coupes gagnées. Le club, qui n'a jamais connu la relégation depuis son accession en première division en 1969, remporte son premier championnat d'Algérie quatre ans seulement après celle-ci, en 1973. Il conserve son titre la saison suivante ; 12 autres suivent, le dernier en 2008. La JSK a également remporté cinq coupes et une supercoupe d'Algérie. Lors de la première, en 1977, les « jaune-et-vert » gagnent également le championnat d'Algérie : le club réalise ainsi son premier doublé coupe-championnat, exploit qu'il réédite en 1986.

Les « vert-et-jaune » s'imposent aussi sur le plan continental en remportant deux coupes des clubs champions, en 1981 et 1990, ainsi que la coupe des coupes en 1995. La JSK a également gagné trois coupes de la CAF d'affilée, en 2000, 2001 et 2002. Depuis 2010, le club a le statut de professionnel à la suite d'une réforme du championnat.

L'autre grand club de football de la région est la JSM Béjaïa. Son ascension en première division a fait naître le derby kabyle.

La Kabylie est aussi un fief du volley-ball algérien, notamment à Béjaïa, considérée comme le pôle national de la discipline. Les joueuses de l' équipe d'Algérie de volley-ball féminin, qui ont remporté la coupe d'Afrique des nations, sont majoritairement issues des clubs de Béjaïa, qui dominent dans les compétitions nationales et africaines.

Architecture et habitat traditionnels

Vue en hauteur sur un village dont les maisons sont en pierre
Village de la région de Béjaïa.

Taddart (le village)

Taddart, le village kabyle, est généralement placé sur une crête ( tawrirt) ou un plateau élevé (agwni), emplacement dont souvent son nom rend compte (exemple : Tawrirt Mimoun, tawrirt Aden). Il est composé d’un ensemble de ruelles et de maisons, d'une fontaine, d'une mosquée et du lieu d'assemblée, tajmaat. Les maisons sont étroitement regroupées de façon que leur ensemble, vu de l'extérieur, forme un bloc unique. En élévation, elles paraissent se chevaucher, chaque pignon dépassant le pignon voisin en montant vers le sommet. Pressées les unes à la suite des autres au long des lignes du relief, elles forment de véritables agglomérations descendant rarement en dessous de cinq cents habitants. Cette répartition dense est sensiblement identique à celle des Kasbahs.

Ce type de village répondait notamment, avant l'apparition de l'artillerie, à des préoccupations défensivesà partir du XXe siècle et surtout de la guerre d'Algérie, le déclin de l'agriculture et l'exode rural le mettent progressivement en concurrence avec les villes qui offrent toutes les commodités . Simultanément son architecture se trouve sérieusement menacée par l'introduction du béton.

Axxam(la_maison)

Maison paysanne à toiture couverte de tuiles creuses.
Les Chenachas, village du Djurdjura : maisons paysannes à toiture de terre bombée (carte postale des années 1900).

L'ancienne maison paysanne kabyle, l’axxam, est un bâtiment à pièce unique, de plan rectangulaire, sans étage, à cohabitation de l'homme et du bétail.

La toiture consiste soit en deux versants couverts de tuiles, soit en une terrasse bombée.

Les fondations sont des tranchées comblées avec de grosses pierres (adrar) et du mortier d'argile.

Pour les murs porteurs, deux techniques sont employées, le mur de pierre (taghaladt) et le mur de pisé avec un coffrage en bois (tabbadit).

La charpente est faite de pannes ( isulas), la panne faîtière ( asulas alemmas) étant souvent la plus importante. Les pannes reposent sur les murs-pignons et parfois sur des poteaux de bois fourchus (tikjda).

La couverture est faite de roseaux (ighunam) ou de branches d'olivier (tachita n tazemmurt) et de tuiles d'argile (karmoud) creuses ou (plus tardivement) mécaniques.

Le sol de la partie habitée (le tigergert) est constitué d'un mortier à base d'argile et de gravier auquel on ajoute de la paille hachée ou de la bouse de vache et parfois de la chaux ou de la tuile broyée. Dans ce sol, se creuse le foyer (le kanun) et se tient le moulin à bras.

Souvent, plusieurs maisons à pièce unique, logeant des familles issues du même père, sont regroupées autour d'une cour centrale appelée oufrag, laquelle s'ouvre sur la rue par un porche, l’ asquif. Aucune maison ne donne directement sur la rue .

Lors de la construction, le travail intérieur concernant le sol et les murs revenait aux femmes. Les murs sont crépis à l’aide d’un enduit composé d’argile schisteuse passée au tamis, à laquelle on ajoutait de la bouse de vache et de la paille fine pour éviter les fissures de rétraction.

Les fonctions économiques de la maison étaient réparties en trois espaces distincts : l’addaynin (« étable ») pour le bétail, ménagée sous la takanna («  soupente ») pour les provisions et le takaat, où était disposé le métier à tisser.

La maison est plus ou moins décorée et ornée selon l'importance sociale et la richesse du propriétaire, de sa famille ou de sa tribu. à l'intérieur, les fresques murales ont recours à des symboles variés, aux significations multiples. La décoration extérieure concerne les portes, sur les battants desquels le menuisier incise au moyen d’une pointe de fer des motifs faits de lignes droites, de points, de petits cercles, de rosaces et de croix qui forment des compositions d’ensemble.

Ouvrages civils et religieux

La région possède un patrimoine civil encore vivant. C'est le cas par exemple des salines traditionnelles (tamellaht), comme celles que l'on peut rencontrer dans les Bibans : elles sont constituées de bassins d'argile de couleur ocre dans lesquels l'eau, issue d'une source naturellement salée, s'évapore lentement .

Le patrimoine religieux de Kabylie est riche d'une multitude de mausolées ( taqubet, littéralement «  le tombeau »). D'architecture généralement assez simple, ce sont des lieux de mystique et de mémoire. Parmi les plus célèbres figurent ceux de Yemma Gouraya et de Mohand Ou Lhocine. Certains reçoivent toujours un grand nombre de visites. Un des plus connus et des plus ornés est celui de Cheikh Amokrane, à Aït Zelal, auquel Cheikh El Hasnaoui a consacré une chanson . Cheikh Aheddad, un des chefs de la révolte des Mokrani, possède aussi le sien dans son village de Seddouk Oufella .

Une caractéristique de la région est la densité du réseau de ses zaouïas. Parmi les plus connues figurent celles de Sidi Saïd à Akbou, de Sidi Mansour El Djennadi, fondée en 1635 à Fréha, de Sidi Mhand Oumalek, de Tassaft, etc. Pour la seule wilaya de Tizi Ouzou on compte encore 21 zaouïas en activité, où étudient 500  talebs. Elles possèdent toujours un important patrimoine mobilier, architectural et agricole .

Les mosquées de Kabylie connaissent une grande variété de styles. Entourée de vestiges puniques et romains, la jamaa El Kevir du vieil Azeffoun a pour minaret une antique tour de garde construite sous l' empereur Auguste ; deux colonnes romaines supportent le toit de sa salle de prière. Ses pierres massives contrastent avec les mosaïques mauresques de la jamaa Sidi Soufi de Béjaïa. Dans cette même ville, les murs de la mosquée de la casbah, en attente d'un programme de restauration, conservent la mémoire des cours qu'y a donnés Ibn Khaldoun. Béjaïa possède aussi une ancienne synagogue, trace d'une présence juive citadine, dont le dôme multicolore se dresse dans le vieux quartier de Karamane. La présence romaine puis byzantine a laissé des vestiges de basiliques comme celle de Tigzirtet de Djemila.

Ouvrages militaires

Enceinte fortifiée avec porte
Porte Fouka à Béjaïa.

La forme de structure défensive la plus ancienne et la plus répandue est l'organisation des villages kabyles et leur situation sur des points stratégiques, tirant parti du relief de la région . Cependant au cours de l'histoire, les dynasties musulmanes locales, soucieuses de protéger le siège de leur pouvoir, ont doté leurs capitales respectives de citadelles et de murailles : en témoignent celles élevées successivement par les Hammadides à la Kalâa des Béni Hammad et à Béjaïa.

La casbah de Béjaïa, bâtie en 1067 et située au cœur de la cité historique, s'étend sur 160 mètres du nord au sud et occupe une surface de 20 000  m2, enceinte d'un mur de 13 mètres de hauteur. La ville conserve également une partie de ses murailles d'époque hammadide, notamment Bab el Bahr, la « porte de la Mer », qui servait d'arc de triomphe pour le passage des navires, . Les Espagnols, qui l'ont occupée entre 1510 et 1555, y ont laissé des édifices comme le Borj Moussa, construit en pleine ville à partir d'un palais hammadide, devenu musée d'antiquités tout en ayant gardé son aspect massif et ses meurtrières ; ou le Borj Yemma Gouraya , bâti à 670 mètres d'altitude autour d'un ancien poste d'observation, qui surplombe Béjaïa et son golfe. L'architecture actuelle du fort est due aux militaires français qui à leur arrivée dans la région en ont remanié les structures en fonction de leurs besoins, comme ils l'ont fait pour d'autres ouvrages militaires. Ayant d'abord été le lieu du tombeau de la sainte patronne de la ville, Yemma Gouraya, il reste un but de pèlerinage pour les populations locales qui font l'ascension de la montagne pour visiter les lieux .

La Kalâa des Aït Abbas, bâtie en 1510 au cœur de la chaine des Bibans, est l'ancienne capitale fortifiée du royaume des Aït Abbas. Elle reprend l'architecture des villages kabyles, très agrandie et complétée de fortifications, de postes d'artillerie et de guet, de casernes, d'armureries et d'écuries pour les unités de cavalerie. Une grande partie de ces structures, bombardée durant la guerre d'Algérie, est aujourd'hui dans un état délabré. Mais le site garde des joyaux comme sa mosquée d'architecture berbèro-andalouse.

La Grande Kabylie également est parsemée de nombreux forts, comme le Borj Boghni et le Borj Tizi Ouzou, qui ont été édifiés à partir du XVIe  siècle par la régence d'Alger pour encercler et contrôler la région et faire rentrer l'impôt. D'architecture simple, ils ont souvent été enlevés par les tribus locales soucieuses de garder leur autonomie . à Bordj Bou Arreridj, le Borj Mokrani, bâti sous Hassan Pacha, a été pris par les Mokranis à plusieurs reprises au cours du XVIIIe siècle, ce qui lui vaut son nom actuel

Artisanat

Les Kabyles ont perpétué un artisanat ancestral, source d'un revenu complémentaire longtemps important et aussi moyen d'expression d’un « peuple artiste » . Cette production entrait dans un système d'échange économique et culturel où chaque région ou tribu de Kabylie avait sa spécialité. es villages avaient chacun leur jour de marché, qui donnait l'occasion aux artisans locaux d'exposer leurs créations De nos jours ces marchés traditionnels ont fait place aux foires organisées dans les principaux centres de production artisanale : « fête de la poterie » de Maâtkas , « fête du bijou » des Aït Yenni , « festival du tapis » des Aït Hichem, etc. Cependant, comme dans le reste de l' Afrique du Nord et à la suite du déclin de la société traditionnelle dont il était l'expression, l'artisanat est aujourd'hui menacé.

Tissage et broderie

La broderie, pratiquée exclusivement par les femmes, est principalement utilisée dans la confection des habits traditionnels portés à l'occasion des fêtes, en particulier des mariages. Elle fait vivre encore de nos jours un nombre important de familles.

Le tissage utilise comme matière première la laine du mouton, ou plus rarement celle du dromadaire. Il sert à réaliser de nombreux objets qui ont une grande importance sociale, comme les burnous (ibidhiyen) , les tapis, les couvertures, les takchabit ou les takendourt, pour la production desquels l'activité se maintient bien qu'elle soit menacée jusque dans la transmission du savoir-faire.

Les tapis de Kabylie sont faits de laine et confectionnés par les femmes. Ils sont destinés à un usage domestique, sur le sol ou les murs, ou religieux, pour la prière. Bien que menacé, l'art du tapis se conserve dans quelques villages de Grande Kabylie.

à l'image de l'ensemble de l'artisanat kabyle, le tissage emploie une variété importante de couleurs et des motifs géométriques qui remontent à un passé très ancien. Il existe par ailleurs une très forte ressemblance entre les productions de Kabylie et de la vallée du Mzab, autre région berbérophone. D'une manière générale, le tapis amazigh est très coloré et constitue un objet de décoration très demandé.

Poterie

La poterie kabyle (ideqqi ) révèle un ancrage africain en même temps que des relations très anciennes avec l'art méditerranéen dont elle s'est enrichie (formes arrondies et moulées, décors peints).

Faits d'argile de différentes couleurs selon les gisements, les objets créés s'illustrent par la pureté de leurs formes et la simplicité de leur décor mais aussi par la complexité des motifs et des techniques employés. Les signes et les symboles utilisés pour la décoration remonteraient au Néolithique Le répertoire des coloris issus notamment de l'oxyde ferro-manganique, du kaolin et de la résine de pin est également très ancien .

Au contraire de la fabrication des tuiles, effectuée par les hommes, l'essentiel de la poterie à usage domestique est un travail réservé aux femmes.

Son utilité est aussi religieuse : les familles s'en servent pour orner mosquées et mausolées des saints soufis et des marabouts. C'est en particulier la fonction du mesbah, un chandelier utilisé aussi lors des festivités (mariages notamment) .

La poterie tient un rôle important dans les fêtes, par exemple pour la cérémonie du henné, mais également dans la vie quotidienne, avec les jouets pour enfants qui sont des figurines représentant des animaux . Un des grands potiers kabyles, Boujemâa Lamali, exporta le savoir-faire de la région au Maroc où il anima à Safi une école de la céramique.

Travail du bois

Porte de bois gravée.
Porte gravée.

Le travail du bois (takhdimt n'wasghar) intervient dans la fabrication d'objets tels que les coffres (sendouk), les portes ( tigourra), les tables et, de façon aujourd'hui marginale, les armes. Les essences utilisées vont du pin d'Alep au chêne-liège en passant par le cèdre. Les ouvrages sont souvent ornés de motifs géomé triques (pointes, rosaces…). Historiquement le sendouk est le meuble caractéristique de la région située à l'est de la Soummam, chez les Aït Abbas, les Aït Ourtilane et dans le Guergour.

Actuellement les productions traditionnelles disparaissent au profit de la réalisation de coffrets, d'objets-souvenirs et de petits articles comme les ustensiles de cuisine, par exemple les cuillères et les tabaqit (une sorte de djefna). Le centre principal de cette activité est le village de Djemâa Saharidj en Grande Kabylie, également connu pour sa production de vannerie.

Bijoux

Les bijoux de Kabylie sont très connus au Maghreb pour leurs couleurs vives et leur raffinement. Constitués d' argent, ils sont ornés de coraux récoltés en Méditerranée et parfois d'émaux , . Les couleurs des émaux sont obtenues par la préparation d'oxydes métalliques : par exemple, l' oxyde de cobalt donne un bleu translucide, l' oxyde de chrome un vert foncé translucide et l'oxyde de cuivre un vert clair opaque.

Typiquement berbère, cet art s'est enrichi des apports des Andalous qui ont fui l'Espagne lors de la Reconquista. La technique de l'émail cloisonné serait ainsi un apport andalou, qui aurait transité par Béjaïa avant de se répandre dans l'arrière-pays pour enrichir les techniques locales . Il y a plusieurs sortes de bijoux qui correspondent à des usages particuliers : broches de front ou de poitrine ( tavrucht) et fibules (tabzimt), qui retenaient les robes en divers points, ceintures ( tahzamt), colliers (azrar), bracelets (azevg), bagues (tikhutam) et boucles d'oreilles (talukin). Les orfèvres kabyles les plus illustres sont les Aït Yenni de Grande Kabylie. Il existe en Petite Kabylie un type de bijou forgé en argent, semblable à ceux des Aurès.

Signes et symboles

Représentation de symboles anciens.
Signes et symboles de Kabylie.
Article détaillé : Signes et symboles de Kabylie.

Activité économique, l'artisanat est aussi l'un des modes d'expression de la culture traditionnelle. à travers ses différentes formes se retrouve un ensemble de signes et de symboles également employés dans la décoration murale des maisons et dans les tatouages. Ce répertoire graphique remarquablement stable est constitutif d'une « écriture spécifiquement féminine », à signification ésotérique magique , et qui est peut-être la survivance d'une « écriture-mère  » elle-même « à la source des écritures alphabé tiques méditerranéennes, de l'Ibérie au Moyen-Orient  ».

Patrimoine culturel

La culture kabyle appartient à l'ensemble culturel berbère, comme celles des Chaouis, des Touaregs , des Chenouis, des Mozabites, ainsi que des autres berbérophones d' Afrique du Nord. De par l'histoire et la proximité, elle a considérablement influencé la culture urbaine des villes d' Algérie, comme Alger ou Constantine . Mais elle est par nature variée et diverse, comme l'a écrit Mouloud Mammeri :

«  Chaque village est un monde. Un sol bourré de valeurs, de traditions, de saint lieux, […] d’honneur ombrageux, de folles légendes et de dures réalités .  »

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Ansuf issun g waggur n Imaziɣn

ⴰⵏⵙⵓⴼⵉⵙⵙⵓⵏⴳⵡⴰⴳⴳⵓⵔⵏ ⵉⵎⴰⵣⵉⵖⵏ


La ville de Ghardaïa capitale du Mzab en Algérie

Le Mzab est un ensemble de 7 Oasis situé à 600 km au sud d'Alger. à partir du IXe siècle, le Mzab, jusque-là peu peuplé, devient le refuge des Ibadites berbères appelé Mozabites. La vallée du Mzab est classée sur la liste du patrimoine mondial de l' UNESCO.

Artisanat amazigh
Bijoux traditionnels de Kabylie.JPG


L'Artisanat Amazigh (Bijoux d Kabylie sur la photographie) est un exemple typique d'artisanat des régions enclavées d' Afrique du Nord, c'est aussi le plus varié et le plus raffiné. Les bijoux amazigh sont très connus en Afrique du nord pour leurs couleurs vives et leur raffinement. Constitués d'argent, ils sont ornés de coraux récoltés en Méditerranée ou parfois d'émaux. Typiquement amazigh, au fil de l'histoire l'art des bijoux kabyles s'est aussi enrichie des apports des Andalous qui ont fui l'Espagne lors de la Reconquista.

Historiquement, l'artisanat amazigh a joué un grand rôle économique et social. En effet, dans un pays montagneux qui n'offrait à l'expansion de l'agriculture que des possibilités limitées, c'était souvent pour la population un complément de ressources indispensable. L'artisanat en Kabylie se compose essentiellement de l'orfèvrerie, la poterie, le tissage, le travail du bois et la vannerie.

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Les Amazighs

Les Amazighs (Imazighen, « hommes libres »), ou Berbères, sont répartis sur l'ensemble de l' Afrique du Nord, aussi appelée Tamazgha (« Terre des hommes libres ») ; groupes principaux :

Principaux groupes ethniques —totalement ou en grande majorité— "non-berbérophones" d'origine berbère:

note: Les hypothèses de la génétique matérialiste ainsi que quelques études historiques et sociolinguistiques confirment l'origine berbère de la majorité des nord-africains arabophones. L'arabisation de ces populations s'est prolongée de la conquête islamique au VIIe siècle jusqu'au XXe siècle. Les parlers arabes maghrébins demeurent fortement influencés par la langue berbère.

La langue tamazight (le berbère) et ses principales variétés :

Le tamazight peut être écrit avec l' alphabet tifinagh (ou libyco-berbère), vieux de plus de 2500 ans, ou l' alphabet latin. Certains (notamment au Maroc) utilisent l' alphabet arabe.

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