Agriculture : un potentiel à la recherche d'une vraie politique agricole
La Kabylie est à vocation agricole, pour peu que l'on restitue le travail de la terre à
ses habitants. Le système des coopératives agricoles mises en place par la révolution
agraire de Boumediene a dépossédé les fermiers de leurs terres pour en faire des
fonctionnaires salariés sans motivation aucune !
Avec un climat sec en été, pluvieux et froid en hiver et un potentiel considérable en
ressources hydriques, les terres de Kabylie sont exceptionnellement adaptées à l'agriculture
de montagne.De plus, l'index de valeur du sol des plaines kabyles est de loin supérieur
à celui de beaucoup de pays du sud de l'Europe. L'olivier, le figuier et le
cerisier connaissent une forte concentration dans la région depuis des siècles. Ajouter
à cela, les cultures maraîchères, céréalières et des
élevages de toutes sortes qui sont des activités pouvant être rapidement
développées. La viticulture peut aussi connaître son essor en exploitant les prairies
(izughar) de manière à assurer une bonne production de raisin de table et produire et
La Kabylie dispose d'un potentiel agricole d'une grande valeur dont l'essentiel
est situé dans la vallée du bas Isser (wilaya de Boumerdes), la vallée du Sebaou
(50km de longueur), la vallée de Draa El Mizan, la plaine côtière d'Azzefoun
(wilaya de Tizi ouzou), la vallée de la Soummam (plus de 80 km de longueur) et les plaines
Nous avons des preuves que ces vallées actuellement abandonnées ont donné par
le passé, même avec des moyens de production rudimentaires, des rendements céré
aliers dépassant largement certaines régions européennes classées à
vocation céréalière au même titre que les autres pays du pourtour de la
méditerranée comme Israël, le Maroc, l'Espagne, etc..
Il y a une quinzaine d'années, une étude du CREAD (Centre de Recherche en
économie Appliquée pour le Développement) examinait la croissance de la production
agricole dans la wilaya de Tizi-Ouzou de 1984 jusqu'au début des années 1990.
Le ministère de l'agriculture en 1980 avait mis en oeuvre un programme d'
intensification des productions stratégiques (céréales, légumes secs,
pomme de terre). Plusieurs régions ont été choisies, en raison des aptitudes
appréciables agro-pédologiques dont elles disposent, pour devenir le lieu d'
implantation du programme de reproduction de semence de pomme de terre. C'est la wilaya
de Tizi Ouzou, et plus particulièrement la vallée du Sebaou (s'étalant
de Draa Ben Khedda jusqu'aux plaines de Fréha sur une distance d'une cinquantaine
de kilomètres), qui a été retenue. En effet, selon une étude
agro-pédologique réalisée par une équipe d'experts hollandais,
cette zone présente un potentiel de production en pommes de terre parmi les plus é
levés de la région méditerranéenne qui se rapproche des taux de rendement
internationaux. Ce potentiel était évalué à 600-700 quintaux/ha alors que
le rendement habituel réalisé par les producteurs ne dépassait pas, dans le
meilleur des cas, 100 q/ha.
Aujourd'hui, les terres agricoles sont soit cédées à des particuliers
pour en faire des habitations, soit cédées à des entreprises publiques pour
en faire du terrain à bâtir. La Kabylie va développer une agriculture durable
qui va se traduire par une production plus saine, moins polluante, respectant les exigences sanitaires
environnementales et prenant en compte l'avenir des agriculteurs. La Kabylie constitue un
réservoir agro-alimentaire très important que la plupart des régions d'Afrique
du Nord lui envient. Une meilleure exploitation de son potentiel agricole peut amplement assurer sa
sécurité alimentaire. Sa production serait rapidement excédentaire et deviendrait
exportatrice. Elle inondera le marché nord-africain et international de ses fruits, légumes,
agrumes et céréales.
L'état kabyle va adopter une stratégie agricole fondée sur quatre principes
de base qui assureront sa durabilité et son efficacité à long terme :
Viabilité économique,sociale budgétaire et environnementale.
- Viabilité économique ;
- Viabilité sociale ;
- Viabilité budgétaire ;
- Viabilité environnementale.
Pour ce faire, un certain nombre de mesures urgentes devront être prises par le gouvernement kabyle :
Soutien financier public dans le cadre de programmes spéciaux à l'effet de promouvoir l'agriculture.
- La libération des initiatives accompagnée d'une batterie de mesures incitatives tant en termes de
facilitations d'ordre administratif que d'information et de formation en faveur des agriculteurs.
- Création d'un environnement incitatif pour l'activité agricole et le
développement des investissements à travers notamment le lancement du crédit sans intérêts
au bénéfice des agriculteurs, des éleveurs et des opérateurs des activités annexes.
- Mise en place d'un Fonds de garantie contre les calamités agricoles.
- Orientation judicieuse du processus de développement agricole et réhabilitation des vocations des
zones géo-écologiques.
- Modernisation des exploitations agricoles existantes en vue de l'amélioration de leur production et de
leur productivité.
- Amélioration des revenus des agriculteurs.
- Renforcement des actions d'encadrement technique rapproché visant
le transfert du savoir-faire au profit de l'agriculteur en vue d'assurer le passage d'une agriculture
traditionnelle à une agriculture moderne.
- Constitution d'une base d'informations relatives à la caractérisation physique et chimique des
sols pour une meilleure formulation de fertilisation appropriée aux systèmes et espèces de cultures,
condition vitale pour une meilleure production agricole.
- Protection du milieu naturel par la lutte contre l'érosion des sols.
- Adaptation des systèmes de production aux conditions pédo-climatiques du milieu
- Résorption de la jachère
- Utilisation des techniques d'irrigation modernes pour éviter le gaspillage des réserves d'eau et
assurer l'efficience agronomique.
La filière oléicole
L'olivier, cet arbre emblématique de la région tant au niveau économique que culturel, est
surtout cultivé pour la production d'huile d'olive (zzit uzemmur). Celle de Kabylie est réputée
pour être une des meilleures du bassin méditerranéen. Il existe cependant différentes variétés
d'huile d'olive comme celle de Tablazt médaillée à l'exposition universelle de Bruxelles en 1910,
celle d'Illoula de couleur verte jade ou encore celle rose et orangée de Seddouk. Cette huile est très utilisée
dans la médecine traditionnelle mais aussi dans la médecine moderne et dans l'industrie cosmétique. Avec un
meilleur suivi sanitaire et des moyens d'extraction modernes, la Kabylie serait l'un des rares pays, si ce n'est le seul,
à pouvoir prétendre satisfaire les critères d'une huile d'olive 100% biologique. Un avantage dont la Kabylie
peut se vanter et tirer profit à travers une exportation d'une huile de qualité unique.
Au début du 20ème siècle, rien que pour la région de Vgayet, on a évalué à plus de 2
millions le nombre d'oliviers en plein rapport. 12 000 tonnes d'olives produites donnant ainsi un élément
d'activité à plus de 60 moulins à huile européens et plus de 3 000 moulins kabyles. En 1910, le port
de Bougie a exporté 5227,6 tonnes d'huile, la plupart achetées par les industriels de Provence, qui les revendaient
sous les étiquettes les plus connues.Aujourd'hui, nos oliveraies sont la cible de feux de forets sciemment
provoqués dans le but soi-disant de combattre le terrorisme Or, visiblement, les militaires ne semblent pas
êtres en mesure de protéger nos forêts, ou plus exactement, n'en ont pas la volonté…il
s'agit donc de restituer la protection de la terre à ses habitants comme il en a toujours été.
Malgré un déclin programmé qui a s'est déployé durant une cinquantaine d'années,
dans quelques communes, les paysans, résistant au rouleau compresseur de l'Algérie, ont pu moderniser le parc de
transformation et produire une huile de qualité qui s'exporte, certes en petites quantités, mais qui rivalise
avec les meilleures huiles européennes.
La filière oléicole demande à être modernisée et développée en améliorant
le processus de production de l'huile d'olive dans toutes ses étapes pour relever la qualité et
réduire l'acidité, afin de permettre à l'huile de Kabylie de se retrouver sur les tables
des familles européennes, américaines et asiatiques. Le développement de l'oléiculture,
principale activité structurante de l'économie locale, passe impérativement par une politique
de revalorisation et de promotion de ce secteur en l'orientant vers la reconquête d'une place sur le
marché mondial, à travers une politique s'articulant autour des axes principaux suivants :
L'oléiculture
- Réhabilitation et développement de nouvelles oliveraies.
- Préservation des pratiques ancestrales de production et leur renforcement par des techniques agronomiques modernes.
- Création de centres de formation professionnelle spécialisés dans la filière oléicole
- Introduction de l'oléiculture dans la recherche appliquée au niveau des écoles d'agronomie.
- Labellisation du produit local surtout dans la perspective de l'exportation.
- Dispositifs de soutien àl'investissement dans ce secteur à promouvoir (avantages fiscaux,
bonification des taux d'intérêt).
- Constitution d'une base de renseignements pour l'agriculteur, l'investisseur et l'industriel.
- Valorisation de l'huile : une meilleure connaissance des caractéristiques par variété.
- Valorisation du grignon : intégration comme complément énergétique dans l'alimentation
du bétail, production d'engrais biologique et de combustible écologique
Le figuier
Le Figuier, qui est le parallèle de l'olivier, fait partie intégrante de patrimoine historique Kabyle.
Il constitue une culture revêtant une importance sociale et économique fondamentale, d'autant plus
qu'il a joué dans le passé un rôle décisif du point de vue valorisation et
sédentarisation de la population.
L'importance économique et nutritionnelle du figuier est bien connue. C'est une espèce
qui a occupé une place de choix dans l'alimentation de nos ancêtres. Un kilogramme de figues
sèches représente une valeur énergétique de 2750 Calories, ce qui équivaut
approximativement aux besoins journaliers de l'homme. La réhabilitation de cette culture est
donc aujourd'hui une nécessité pour la connaissance et l'amélioration du
patrimoine arboricole. L'activité figuicole demeure également une activité
économique à part entière et nous incite à prendre des mesures urgentes
quant à l'amélioration de la productivité :
Développement des Techniques culturales
- Développement des Techniques culturales
- Valorisation de toutes les variétés locales
- Adaptation agro-climatique des variétés introduites
- Amélioration de la caprification
- Recherche sur la diversification des produits dérivés de la figue
(figues sèches ; confitures, liqueurs, autres produits de consommation
quotidienne et pharmaceutiques). S'inspirer des pays producteurs (Turquie notamment).
L'Europe est un marché propice pour les produits issus de l'agriculture biologique
et la Kabylie peut en être un fournisseur de choix. En ce sens, comme l'huile d'olive,
la figue est un produit à valeur ajoutée très importante. Un travail
de marketing et de labellisation s'impose pour l'adapter aux normes
internationales et être vendue en tant que produit "de luxe"
en UE et partout dans le monde.
La filière laitière, fromages et autres dérivés
Contrairement à l'Algérie où la production laitière
demeure insuffisante pour combler un déficit de plus de 3 milliards de litres,
la filière laitière qui place la Kabylie comme l'un des plus
grands bassins laitiers nord-africains, présente des opportunités
d'investissements de haute importance. Le choix du groupe DANONE
d'installer sa filiale à Akbou n'est pas fortuit.
Il est mu par la disponibilité de la matière première
qui n'arrête pas de croître en raison de l'augmentation
du nombre d'éleveurs et du nombre de collecteurs. Ce même
facteur constitue une aubaine pour la création de PME dans le domaine
des produits laitiers et de ses dérivés. D'ailleurs,
l'essentiel des fromages vendus en Algérie sont produits
par de nombreuses laiteries qui activent dans la wilaya de Tizi ouzou.
La laiterie Soummam est actuellement le premier producteur algérien
de yaourt avec 42% des parts de marché.
La filière laitière va connaître son essor
dans la Kabylie libre du fait qu'elle va occuper une
place prépondérante dans la politique agricole.
La Kabylie peut aisément assurer son autosuffisance
en produits laitiers tant sur le plan qualitatif que sur le
plan quantitatif. Et cela en misant sur le potentiel local
par la mise en place des moyens et des structures d'accompagnement
nécessaires et une réelle prise en charge, notamment
au plan scientifique et technique, des espèces bovines,
caprines, et ovines. Parmi ces espèces, le caprin, bien
qu'à vocation mixte (lait et viande) au même
titre que le bovin, peuvent représenter néanmoins
un atout majeur pour l'économie régionale.
La géographie de la Kabylie et ses infrastructures
peuvent en faire en un laps de temps très court un
fournisseur important dans le marché du fromage
de chèvre. Un des produits à l'é
chelle européenne et internationale encore très
recherché. L'état kabyle contribuera à
dynamiser la production laitière en améliorant
la collecte et en optimisant la transformation à travers
des mesures incitatives comme :
-
L'élaboration et la mise en cohérence
de politiques laitières ; augmentation de la part du
budget de l'Etat attribué à
l'élevage afin de garantir un contexte
favorable au développement harmonieux
de la filière lait.
-
La mise en place de mécanismes permettant
de faciliter aux coopératives d'é
leveurs et de transformateurs l'accès
au crédit.
-
L'incitation à la création de
petites industries laitières.
-
L'installation de réseaux de
collecte dotés de matériel adéquat
pour accroître la capacité de collecte
de lait de qualité et l'aménagement
de pistes stratégiques pour désenclaver
les bassins de production.
-
L'amélioration de la distribution
des produits laitiers en améliorant les conditions de
transport des produits ainsi que leur stockage chez le
grossiste ou le détaillant.
-
Le recours à l'insémination
artificielle comme une activité continue et
non de campagne.
-
la formation technologique des transformateurs,
accès à l'équipement via un
fonds d'appui technologique pour une meilleure
transformation du lait.
-
L'élaboration d'outils de
collectes de données et de diffusion des résultats.
-
La création d'un organe d'
orientation des bailleurs dans l'appui à
la filière du lait locale pour un dé
veloppement harmonieux de la filière.
-
La promotion des produits laitiers locaux,
sensibilisation du public sur le « consommer
local ».
D'une manière générale,
l'agriculture sera un pilier du développement économique de la Kabylie de demain.
Le modèle agricole ne sera pas axé sur un productivisme à outrance.
La multitude de créneaux originaux que propose le pays Kabyle servira à élaborer une
politique agricole orientée vers la qualité des produits mais aussi leur originalité,
en termes d'exportation notamment.
Activité forestière
La première tâche de la Kabylie dans le
domaine forestier sera la mise en place d'une
politique efficace de lutte contre les incendies.
La région est boisée avec des forêts
et des maquis. L'espace forestier est composé
de forêts denses, sous-bois et maquis, véritable
tapis végétal constitué de différentes
essences. La végétation est principalement de
type méditerranéen avec des forêts de
chêne liège et cèdre de l'Atlas.
Pour le chêne liège, la Kabylie est la
région qui possède les plus grandes forêts
de cette essence sur la rive sud de la méditerranée.
Les forêts de Kabylie sont essentiellement de 3 types :
Le patrimoine forestier Kabyle
-
la forêt méditerranéenne à
feuilles persistantes dont les principales espèces sont le Chêne vert,
le Chêne liège, le houx ;
-
la forêt méditerranéenne à
feuilles caduques dont les principales espèces sont :
l'érable à feuilles
obtuses, l'érable de Montpellier,
l'érable champêtre, Prunus avium et le
chêne zeen
-
la forêt méditerranéenne
résineuse dont les principales espèces sont :
le Cèdre de l'Atlas, le Pin noir,
le pin d'Alep, l'If.
Le patrimoine forestier Kabyle
Le patrimoine forestier Kabyle est très important
alors que les investissements ne se bousculent pas au
portillon. Pourtant, les opportunités d'
investissement sont nombreuses. On peut citer quelques
créneaux pouvant être porteurs pour de
potentiels investisseurs, comme le chêne-liège,
le chêne zen, les plantes aromatiques et médicinales
, le charbon de bois, les bibelots de bois ainsi que la
cueillette de glands, de câpres, de champignons et
le ramassage d'escargots, sans oublier l'investissement
à des fins de détente et loisirs.
Le secteur forestier est aussi une filière cré
atrice d'emplois puisque les 24 entreprises activant
dans les forêts de la wilaya de Tizi ouzou ont créé
1 145 emplois avec un investissement à minima. Outre
le liège et le bois, la surface forestière offre
une gamme diversifiée de produits de très haute
valeur (d'usage et d'échange). C'est
un avantage qu'il faut mettre à profit pour la
création des richesses et des emploi. Ceci sous
réserve que d'ici à ce que la Kabylie
ne soit en mesure de s'auto-gérer, le patrimoine
forestier kabyle ne soit totalement réduit en cendre.
Le patrimoine forestier regorge des potentialités
faunistiques diversifiées et riches qui peuvent
être mises en valeur dans le cadre du développement
cynégétique et des dispositions relevant de la chasse.
Par ses aspects historiques, écologiques et
archéologiques, il favorise le côté
éco-touristique qui mérite une attention
particulière.
Au vu de la diversité de la région en diffé
rentes espèces végétales spontanées
et cultivées et du peu de travaux d'investigation
entrepris, des efforts de recherche sont impératifs pour
la prise en charge de ce potentiel qui offre des opportunités
d'investissement, notamment dans l'industrie pharmaceutique
et cosmétique.
La réhabilitation de l'industrie du liège
(la forêt de Yakourène était l'un des
centres mondiaux de cette industrie durant la colonisation
française et même turque) fera de ce secteur
un des moteurs du développement de la région à
travers une politique de revalorisation de l'activité
forestière et une meilleure exploitation de ce potentiel
créateur de richesses et d'emplois.
Cependant, une étude d'inventaire s'impose
pour évaluer les possibilités précises
à mettre en valeur tout en maintenant l'é
quilibre de l'écosystème forestier,
aujourd'hui gravement menacé par la pseudo-chasse
aux terroristes qui consiste à mettre le feu aux forêts
de Kabylie.
La réhabilitation et le développement de l'
activité forestière implique quelques mesures :
L'apiculture
- Sauvegarde et protection du patrimoine existant.
- Réhabilitation et extension des suberaies.
- Valorisation des produits forestiers.
- Extension du patrimoine et protection des bassins versants.
- Appui au développement des zones de montagne et
promotion sociale des populations dans le cadre de
programmes spéciaux.
L'apiculture est d'abord un enjeu primordial en
termes d'Environnement. Les abeilles ont en effet une
fonction de pollinisation des fleurs (fleurs, arbres, plantes...).
Elles leur confèrent ainsi un rôle déterminant
dans la Vie de l'Humanité. Albert Einstein a
démontré que le monde ne subsisterait pas quatre
années après la disparition des abeilles. Or
l'avenir des abeilles est aujourd'hui source
d'inquiétudes du fait de l'emploi, à
l'échelle mondiale, de pesticides. La Kabylie
souhaite un développement harmonieux avec la nature et
sera donc forcément soucieuse de préserver sa
faune et sa flore.
L'élevage des abeilles est une activité
traditionnelle et séculaire en Kabylie. Cette
activité constitue non seulement une source d'apport
énergétique, le miel, et thérapeutique,
la gelée royale, mais encore une source de revenus pour
les agriculteurs. Les zones de montagne constituent un terrain
favorable pour le développement de l'apiculture
de par leur richesse en forêts, maquis, parcours,
sous-bois et flore spontanée. L'apiculture qui a
pris du retard sur les autres activités agricoles dans
la région, pourrait être un atout majeur pour
l'économie régionale. Il fut un temps aussi
où la Kabylie était réputée pour
son miel et fournissait l'essentiel de la cire de la
vieille Europe. D'où le nom de Bougie pour
l'actuelle Vgayet.
Le miel kabyle est très apprécié à
l'étranger comme il est très demandé
au plan local, d'où la nécessité d'
encourager le développement de sa production. L'amé
lioration des rendements de différents produits de la ruche,
à l'instar du miel, de la cire, du pollen, de la gelée
royale ou du venin devrait ouvrir des perspectives dans nombre de
filières agroalimentaires, pharmaceutiques ou cosmétiques.
L'apiculture en Kabylie possède de réelles
possibilités de se développer eu égard aux
immenses potentialités qui ne demandent qu'à
être exploitées. Avec une meilleure connaissance des
zones mellifères potentielles, la mobilisation des moyens
humains et matériels, ce secteur connaîtra son essor.
A cet effet, l'état kabyle devra prendre certaines
mesures adéquates :
- Subventions conséquentes pour que chaque apiculteur
puisse prendre soin de ses ruches et les traiter chaque fois
qu'il sera nécessaire.
- Assurer le suivi de la production et aider l'apiculteur
tout au long de sa démarche.
- Créer des centres de formation en apiculture, avec
un personnel enseignant compétent et offrir des cours
gratuits sur les techniques modernes, mais aussi sur la pré
vention des maladies.
- Création d'un laboratoire réfé
rentiel pour certifier la production nationale de miel et aider
à son exportation.
- Promotion du miel local pour contrecarrer la concurrence
déloyale du miel importé, vendu à bon marché
et dont la qualité laisse souvent à désirer.
- Mettre sur pied un dispositif permettant la collaboration des
apiculteurs avec les salons de beauté et d'esthétique,
les hôpitaux et les firmes pharmaceutiques comme cela se
fait à l'étranger, puisque la médecine,
la forme et la beauté ont toujours eu besoin du miel
et de ses dérivés.
- Production d'hydromel « boisson des Dieux »
; alcool à base de miel
La pêche et les potentialités halieutiques
La Kabylie dispose d'une façade maritime de plus de 300
km de long, soit plus de 25 % de la côte algérienne.
La frange maritime couvre quatre wilayas : Tizi Ouzou (85km), Béjaia
(100 km), une partie de Djidjel (Ziama mansouria), une partie de la wilaya
de Boumerdes (Cap Djinet, Dellys).
Plusieurs opérations d'évaluation, ayant été
menées par différents organismes étrangers, ont
révélé la présence d'énormes
potentialités halieutiques dont regorgent nos zones côtières.
La côte de la wilaya de Tizi-ouzou recèle un potentiel halieutique
estimé à 26.000 tonnes/ans, dont 12.000 tonnes de poissons bleus et
14.000 tonnes de poissons blancs, selon les estimations fournies par le navire
océanographe espagnol « Vesconde dé Eza », qui a
effectué la dernière étude sur les espèces
marines vivant dans les eaux algériennes en février et mars 2003.
La façade maritime de la wilaya de Bejaia s'étend sur
100 Km, caractérisée par un relief accidenté et un
plateau continental très réduit, les zones d'intervention
pour la production halieutique sont la zone côtière, la
pêche au large, la pêche hauturière, la pisciculture
en milieu continental et en mer ouverte avec plusieurs embouchures
d'oueds qui s'y déversent (Oued- Soummam, Oued-Arioun,
Oued- Djemaa, Oued Daas). Elle est réputée par sa diversité
et aussi par sa qualité. Son potentiel est estimé à
10.000 tonnes/an. Ajouté à cela la possibilité de
développement de la pêche en sites aquacoles continentaux
grâce à la présence d'un dense réseau
hydrographique. Ses sites marins permettront aussi l'élevage
intensif d'espèces telles, la dorade le Loup, la crevette,
la carpe, le mulet.
La wilaya de Boumerdes avec une côte de près de 90 Km offre
des caractéristiques morphologiques, géographiques et
bathymétriques favorables à une exploitation
diversifiée de ces ressources, avec un potentiel de production
annuelle de 16 000 tonnes. L'exploitation de ces ressources se
fait au niveau de trois ports de pêche dont deux sont situés
dans l'espace kabyle : Dellys et un port en voie d'achèvement,
Cap Djinet.
Il est indéniable que le potentiel halieutique de la Kabylie
est en mesure de participer d'une manière significative au
développement durable de la région. Il offre d'énormes
opportunités d'investissement dans l'industrie des conserves
et de la salaison étroitement liée à la pêche au
poisson bleu, l'industrie des farines et huiles de poisson traitant
les déchets des usines et le surplus de la pêche
(une installation par centre de pêche). Un débouché facile et
rémunérateur de ces produits étant assuré en Europe.
Bien que favorisée par des atouts naturels, la pêche demeure
encore une activité artisanale en Kabylie. Le niveau de production
est insignifiant devant les ressources halieutiques et les besoins exprimés.
La faiblesse de cette production s'explique surtout par la
sous-exploitation des potentialités existantes, le peu
d'intérêt accordé à la pêche
hauturière et l'insignifiance de l'aquaculture
marine et continentale, le manque de qualification des pêcheurs
ainsi que la méconnaissance des nouvelles techniques de
pêche et de la flottille qui reste dans sa globalité artisanale.
Les produits de la pêche et de l'aquaculture devraient
constituer, à l'avenir, un aliment de substitution,
voire un refuge pour les familles nombreuses et celles à
faibles revenus. Pour cela, il est indispensable de prendre en
charge les fonctions de valorisation de transformation et de
commercialisation de ces produits et de permettre le dé
veloppement d'unités de transformation et, par-là
même, densifier et élargir le tissu agroalimentaire.
Par la protection des fonds et la recherche de nouvelles zones chalutables,
le développement conjoint de la pêche du poisson bleu,
des installations portuaires, des industries de conserves et de farines,
enfin par l'organisation du marché local, sous
l'égide d'une administration juste et
avec l'aide d'un service scientifique, organisation
de la sécurité des bateaux en mer (canots de sauvetage)
ainsi qu'une recherche scientifique appliquée aux pêches
et industries dérivées, l'investissement dans
la formation, la pêche qui ne joue qu'un rôle
très secondaire dans l'économie kabyle en dépit
de possibilités certaines, pourrait devenir une industrie
florissante génératrice de richesses et d'emplois.